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Aperçu sur le deuil en milieu soninké

Il y a seulement quelques décennies, au temps de nos grands parents, le « baadé » (deuil) était un moment difficile de la vie. Un moment de douleur et de souffrance extrêmes de voir un membre de la famille, un être cher quitter les siens, le village pour toujours. Tout le monde compatissait, durant deux ou trois jours, au malheur des proches parents du défunt.

Cependant, de nos jours, dans la société mauritanienne en général et soninké en particulier le deuil est devenu une véritable manifestation d’ostentation, d’orgueil et d’étalage des richesses. Les familles riches et pauvres s’adonnent à toutes sortes des dépenses qui, au lendemain du deuil, plongent la famille éplorée dans une vraie situation de galère économique. Dès l’annonce de la mort d’un membre de la famille, les parents proches et lointains du défunt accourent à la maison du disparu pour verser leurs larmes teintées parfois d’hypocrisie.

Et, alors même que l’on n’est en train de faire la toilette mortuaire du défunt, une liste commence à être dressée pour noter, rigoureusement, l’argent donné par ceux qui viennent présenter leurs condoléances. Après l’enterrement, à la maison du disparu, c’est à une sorte de fête que l’on assiste, selon le lieu. S’il s’agit du village, plusieurs moutons et deux ou trois bœufs seront tués. Les parents et connaissances du défunt venus des villages alentours sont priés de rester deux ou trois jours.

Chaque jour, dès le matin, on commence « les festivités ». Du petit déjeuner au dîner, les plats circulent entre ceux qui étaient censés venir consoler les parents du défunt. Certains, de fait, oublient même qu’ils sont en deuil. Tellement les sujets des conversations sont loin du contexte de deuil dans lequel ils se trouvent.

Le deuil, qui était en principe un moment d’épreuve et de douleur, se transforme en une occasion de détente, de jouissance, d’orgueil et d’ostentation entre ceux qui, d’une manière ou d’une autre, voulaient étaler leurs richesses. Ce qui est dramatique dans tout cela, c’est que ce sont toujours les pauvres qui paient les pots cassés. Car même s’ils n’ont pas de quoi manger au quotidien, ils préfèrent, au moment du deuil de l’un des leurs, s’endetter dans la mesure où, pour eux, tout est question d’honneur et de dignité. Pour éviter la honte, selon leur conception, il faudrait satisfaire les exigences de la coutume et des invités. Cette coutume, qui relève en réalité de l’ignorance et de l’orgueil, doit être rigoureusement combattue.

Rien dans la tradition religieuse des Soninké ne cautionne ce genre de pratique. L’islam, qui est la religion de la communauté soninké, condamne, d’une manière catégorique, des telles pratiques. En milieu soninké de la Mauritanie, du Sénégal et du Mali, à l’époque actuelle, on a l’impression que l’on fête plus le deuil que le mariage et le baptême. Si l’on ne cessait pas cela, il est incontestablement vrai que l’on courrait à la perte de la communauté soninké.

Le deuil, de fait, doit être un moment de témoignage, de compassion à la souffrance de la famille éplorée. Autrement dit, les parents et amis ou connaissances du défunt doivent être là pour aider la famille à faire ses travaux quotidiens dérangés par la douleur de la perte d’un être cher. Le rôle de ceux qui viennent présenter leurs condoléances doit être celui de la consolation, d’aide et de compassion, et non une occasion d’augmenter les charges et les préoccupations de la famille du disparu.

Informations sur l'article

Créé le :03/03/10
Auteur :Soumare Zakaria Demba
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  • cassandre 03/01/2011 -21h44c'est très étrange ce que vous racontez, je suis dans ma première semaine de deuil de mon compagnon de vingt ans et la seule personne qui me console vraiment est une soninké qui parle à peine français mais quand elle me prend dans ses bras je me sens un bref moment consolée et pourtant elle n'use pas de mots mais de chaleur humaine et elle est digne et tous les jours elle veille à me nourrir un peu et pourtant elle est plus jeune que moi mais elle dit que c'est son devoir d'être ma mère en ce moment puisque ma propre mère est loin physiquement, de plus ma mère est juive convertie au catholissisme mais née dans un pays musulman tout comme moi avant d'avoir rejeté tout ce fatras pour un humanisme! pourquoi seuls les musulmans s'expriment sur ces forums? Je crois que c'est l'affaire de tousn ne laissons pas ces questions de culture aux mains des intégristes de tous bords.
  • lass 08/04/2010 -13h59Oui le monde est presque a l'envers Toutes les cerenomies qu'on ne devait pas celebrer sont fêtées .
  • Youssou Soumare 15/03/2010 -00h34Vous avez raison mon frère!
    et il est temps que nous ouvrions nos yeux et changer cette mauvaise pratique dans notre chère communauté.
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